Les alternatives au sucre : sucrez autrement !
Pouvoir se délecter de la saveur sucrée sans
avoir les inconvénients du sucre pour la santé, telle est la promesse des
fabricants de produits présentés comme de saines alternatives au sucre. Très
décrié ces dernières années, le sucre laisse peu à peu place à d’autres
produits sucrants plus "naturels". Longtemps réservés aux adeptes du
rayon diététique, les sirops d’agave et d’érable sont désormais rangés au rayon
sucre des grandes surfaces. D’autres produits, sucre de canne complet, sucre de
fleur de coco…arrivent sur le marché et font même l’objet de recettes
spécifiques.
Effet de mode ou réels atouts pour la
santé ?
Pour le savoir, faites défiler ce diaporama.
Florence Daine
(1) "Desserts
sans sucre" par Sophie Dupuis-gaulier. Ed Larousse 2012.
(2) "Mes
bons desserts aux sucres naturels" par Marie Chioca et Delphine Paslin, Ed
Terre Vivante 2013.
Le sucre, mauvais pour la santé ?
Le sucre est depuis longtemps accusé de
favoriser l’obésité, le diabète et les caries. Les chercheurs rappellent néanmoins
que l’obésité se développe dès que l’apport énergétique est supérieur aux
dépenses, qu’il provienne des sucres, des graisses ou des autres nutriments
énergétiques, alcool et protéines.
Quant au diabète de type 2, il n’est pas
directement lié à la consommation de sucre ; il se manifeste
principalement chez des personnes prédisposées à l’occasion d’une prise de
poids excessive.
Les édulcorants intenses, sans apport calorique
ni impact sur la glycémie (taux de sucre sanguin), sont désormais perçus comme "chimiques".
L’aspartamea tellement été critiqué
qu’en dépit des avis rassurants des agences sanitaires de sécurité des
aliments, il a quasiment disparu des rayons.
Le coup de grâce a été donné par
l’Anses en janvier dernier, qui après avoir compilé les études existantes, a
conclu qu’il n’y a pas de preuve que les édulcorants intenses aident à
contrôler le poids ou le diabète² !
(1) D’après les conférenciers du Nutri-Débat du
13 janvier 2015 intitulé : "Existe-t-il un juste
sucre ?".
(2) Avis de l’Anses du 9 janvier 2015 :www.anses.fr
La stevia : 0 à 20 kcal la cuillère à café
Autorisé en Europe depuis 2011, les extraits de stévia (glycosides de steviol et notamment le
rebaudioside A), comptent parmi les édulcorants intenses. Ils ont un pouvoir sucrant
environ 200 fois supérieur à celui du sucre et n’élèvent pas la glycémie. La
stevia (une plante originaire du Paraguay) connaît un fort succès, considérée
comme un édulcorant naturel. Ses extraits sont néanmoins obtenus de façon
industrielle. A savoir : les poudres sucrantes à base de stevia peuvent
avoir une composition très variable. En diététique, elles sont généralement
constituées de plus de 95% d’extraits de stevia, il faut dans ce cas avoir la
main légère pour doser : une pointe de couteau suffit largement. La
plupart des poudres commercialisées en grande surface sous des marques connues
sont constituées de 1% d’extraits de stevia et de 99% d’erythritol, un agent de
charge non calorique : 1 cuillère à café a le même pouvoir sucrant qu’une
cuillère de sucre. La stevia présente l’inconvénient de laisser en bouche un
arrière-goût de réglisse. C’est pourquoi les industriels ont récemment
développé des poudres (et des cubes) mi-extraits de stevia et mi-sucre de canne :
plus acceptables pour le palais mais fournissant 20 kcal par cuillère à café.
Ces poudres avec sucre sont également plus adaptées en pâtisserie, permettant
d’obtenir une belle coloration et une texture plus moelleuse. Un seul
conseil : bien lire les étiquettes.
Le fructose : 40 kcal la cuillère à café
S’il
est naturellement présent dans les fruits et les miels, le fructose en poudre
commercialisé au rayon diététique est obtenu de façon industrielle (à partir de
l’amidon des céréales). Jusqu’il y a peu, il était plutôt bien considéré par
les nutritionnistes : présentant un index glycémique plus bas que le sucre
(saccharose), il pouvait être conseillé aux personnes diabétiques. Et
compte-tenu d’un pouvoir sucrant supérieur, il permettait d’économiser quelques
calories à ceux qui surveillent leur ligne.
Mais
de récentes études montrent que l’excès de fructose entraîne la production par
le foie de triglycérides, des graisses qui augmentent le
risque cardio-vasculaire et favorisent à long terme le développement d’une hépatite. Bref, il est recommandé de ne pas
dépasser 50 g par jour1. En pratique, il faut continuer à manger 2
ou 3 fruits par jour, mais il n’est pas souhaitable de sucrer ses yaourts avec
du fructose en poudre…ou de la confiture au fructose !
(1)
Conférence du 3 juin 2014 du Fonds Français Alimentation Santé.www.alimentation-sante.org
Le sirop d’agave : 31 kcal la cuillère à café
Obtenu à partir de la
sève d’une variété de cactus mexicaine, ce sirop connaît un franc succès depuis
quelques années. De texture assez fluide, de couleur jaune, il présente une
discrète saveur fruitée. Il est composé de 77% de glucides, soit un apport calorique réduit d’un quart comparé au sucre.
Bémol, il s’agit principalement de fructose, avec les inconvénients décrits
précédemment. Même si son index glycémique est bas, il n’y a donc pas de
bénéfice à l’utiliser au quotidien. Comme il donne du moelleux aux gâteaux, on
peut le réserver à la confection de quelques desserts de type cake, génoise,
gâteau au yaourt. A savoir, il ne doit pas être chauffé à plus de 180°C
(au-delà, il développe des arômes amers).
Le miel : 32 kcal la cuillère à café
Ou plutôt les miels,
puisqu’il en existe de multiples variétés avec pour point commun d’avoir été
élaborés par des abeilles à partir du nectar des fleurs. Les miels comportent
80% de glucides, du fructose, du saccharose et du glucose, en proportion
variable selon leur origine (le miel d’acacia est particulièrement riche en
fructose). Leur pouvoir sucrant est de 30 à 50% plus élevé, comparés au sucre.
Comme ils parfument bien les aliments, il n’est pas nécessaire d’en utiliser
une grande quantité : ils permettent donc une réelle économie de calories. Le bémol est leur teneur souvent
élevée en fructose. Par conséquent, il vaut mieux les réserver à certains
usages : selon ses goûts, pour les tartines du matin ou dans les yaourts
et autres laitages nature (ou pour confectionner du pain d’épices). A
savoir : les miels ont des propriétés antiseptiques démontrées, ils sont efficaces contre
les maux de gorge.
Le sirop d’érable : 28 kcal la cuillère à café
Issu
de la sève de l’érable, il est essentiel à la dégustation des pancakes
nord-américains ! Il contient 70% de glucides, principalement du
saccharose c’est-à-dire du sucre. Comme pour le miel, la saveur qu’il donne aux
aliments permet de l’utiliser en petite quantité. Son usage peut donc aider à
modérer sa consommation de glucides. Il peut être utilisé au quotidien dans
les laitages et de façon occasionnelle avec
les crêpes ou dans certaines
pâtisseries. Le principal bémol est son prix très
élevé !
Le sucre de canne complet : 38 kcal la cuillère
à café
Egalement appelé
muscovado ou rapadura en fonction de sa provenance, il s’agit de sucre de canne non raffiné reconnaissable à sa
couleur caramel à brune. Il est principalement commercialisé en bio, évitant le
risque d’ingérer des résidus de pesticides. Le sucre de canne complet est
composé à 95% de saccharose. Ses partisans mettent en avant des teneurs élevées
en minéraux, calcium, magnésium, fer (minéraux
quasi-absents du sucre raffiné) : toutefois, pour une consommation
raisonnable, l’apport est faible, par exemple 6 mg de magnésium par cuillère à
café (l’apport conseillé en magnésium à un adulte est de 360 à 420 mg par
jour). Très parfumé, rappelant la saveur du caramel, du pain d’épices ou de la
réglisse, le sucre complet peut être additionné aux aliments en faible
quantité, c’est là son principal atout. A savoir : en pâtisserie, il
colore les recettes, il vaut mieux l’associer à des aliments foncés (cacao ou
fruits rouges) !
Le sucre de fleur de coco : 38 kcal la cuillère
à café
Récent sur le marché des
sucres naturels, il est issu de la sève de la fleur du cocotier. Vendu en
magasins bio, il se présente sous forme de poudre de couleur caramel. Il est composé de 95% de glucides,
principalement du fructose. Il présente donc les avantages (un faible index
glycémique) et les inconvénients (le risque d’augmenter le taux de
triglycérides sanguins s’il est consommé en excès) du fructose. S’il n’y a pas
de bénéfice pour la santé à s’en servir au quotidien, rien n’empêche de
l’utiliser de temps à autre en pâtisserie pour donner une note exotique aux
tartes, cookies et autres crumbles. Il est de toute façon assez onéreux.
Le sirop de riz : 38 kcal la cuillère à café
Il
est obtenu par hydrolyse digestion de l’amidon du riz. Il contient 96% de
glucides, principalement du glucose, dont le pouvoir sucrant est faible et
l’index glycémique très élevé. Son
principal atout est de conférer de l’onctuosité à certaines pâtisseries et
glaces. Mais, il n’y a aucun intérêt à l’utiliser en remplacement du sucre.
Le sucre de bouleau : 24 kcal la cuillère à
café
Obtenu à partir de
l’écorce de l’arbre, le sucre de bouleau est en fait du xylitol, qui compte
parmi les polyols. Il se présente en poudre blanche.
Il a globalement le même pouvoir sucrant que le sucre et laisse une note de
fraîcheur en bouche.
Comparés aux sucres, les
polyols sont environ 2 fois moins caloriques. Ils ne sont pas cariogènes et
n’ont quasiment pas d’impact sur la glycémie. Leur point faible : ils sont
fermentés dans le côlon et entraînent des troubles digestifs, ballonnements, diarrhée… à plus ou moins forte dose en fonction de la sensibilité de chacun. Le sucre de
bouleau peut donc être recommandé aux personnes diabétiques ou qui surveillent
leur poids : à chacun de trouver sa dose tolérable par jour. A savoir, en
pâtisserie, le xylitol ne permet pas de réaliser de caramel.
Les jus concentrés de fruits : environ 30 kcal
la cuillère à café
Les
jus concentrés de fruits (jus de pomme et de raisin notamment) sont surtout
utilisés par les industriels dans des produits étiquetés "sans sucre"
(ce qui signifie sans saccharose mais pas sans glucides !), tels que des
confitures ou des biscuits diététiques Ils ont un bon pouvoir sucrant,
puisqu’ils concentrent les sucres des fruits, fructose et saccharose. Pour les
particuliers, ils ne sont pas toujours faciles à trouver, mais dans les magasins
bio, on peut dénicher du jus de datte et parfois de pomme. Ces jus concentrés
peuvent remplacer agréablement le sucre dans des confitures maison ou des
laitages. Mais, l’usage des jus de pomme ou de raisin doit être limité
compte-tenu de leurs fortes proportions de fructose.
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